
Renée HEIMBERG épouse CHAMBAZ
« DIS, MADAME, C’ÉTAIT COMMENT ECHENEVEX QUAND TU ÉTAIS PETITE ? »
Ces dernières années, la vie d’Echenevex a bien changé nous a dit un jour Renée.
Mais qui est Renée ?
Renée HEIMBERG épouse CHAMBAZ, habite à Echenevex depuis sa naissance en 1940. Elle revient dans ce petit récit sur le village d’antan et nous parle de celui d’aujourd’hui.
Elle tient à mettre en avant son nom de naissance : HEIMBERG, pour rendre hommage à son grand-père Ernest, qui, venant de STEFFISBURG (Canton de Berne) s’est s’installé à Echenevex avant la Grande Guerre (1914-1918) en tant que fromager, fruitier. Puis il a exercé, avec ses enfants, le plus beau métier du monde : celui de Paysan, en reprenant la petite exploitation de grand-mère Mélie. En ce temps-là, beaucoup d’hommes étant partis à la guerre, il était donc nécessaire d’avoir de la main d’œuvre masculine pour continuer les activités agricoles dans le village et permettre aux familles restant dans les villages de se nourrir. Comme dans un conte de fée, son grand-père tomba amoureux d’une fille du village, l’épousa et ils eurent trois enfants : Raymonde, Ernest et Jean qui deviendra le papa de Renée.
« Entre 1930 et 1950, il y avait environ une vingtaine d’exploitations agricoles dans le village. Après la guerre, leur nombre n’a fait que diminuer. Aujourd’hui, il n’en reste qu’une, raconte Renée avec beaucoup de tristesse dans la voix».
Vers 1950, Echenevex comptait 208 habitants et 2 voitures, celle de M. l’instituteur du village et celle de M. ROULET, grand-père de Mme SEGAIN, née MARQUIS ainsi qu’une épicerie où l’on pouvait trouver de tout. Cette épicerie était tenue par une dame très gentille et serviable : Mme BOUTHERRE. Nous comptions 4 cafés (les cafés : Gavard, Dupenloup, Bridon – actuellement l’Auberge des Chasseurs et le Dernier Sou à Mury), un cordonnier, une fruitière et des marchands ambulants (boulanger, boucher, poissonnier). Toutes les familles avaient leur petit coin de jardin pour cultiver leurs propres légumes.
Même si les Chenevessiens d’autrefois travaillaient énormément, ils aimaient bien rire aussi, boire un coup et se faire des blagues dans les cafés où ils se retrouvaient. Les Chenevessiennes quant à elles se réunissaient autour de la fontaine, place de la mairie, qui faisait office de lavoir communal.
L’un des faits le plus marquants pour Renée, c’est le Modernisme.
Vers les années 60, l’eau courante est arrivée dans tous les foyers Chenevessiens.
Mais aussi les voitures, la télé, des choses « qui ont changé le mode de vie, souligne-t-elle. La télé a remplacé nos veillées où l’on se retrouvait les soirs entre voisins, on discutait, jouait aux cartes et les femmes tricotaient ».
Les commerces et les cafés ont disparu les uns après les autres. Même l’école communale a failli disparaître faute d’effectif (11 élèves). Mais c’est la détermination de M. HONORAT, Maire, et M. CHAMBAZ Président du Sou des écoles de l’époque qui, en faisant du porte à porte, ont pu rassembler les 17 enfants nécessaires pour maintenir l’ouverture de notre école et permettre la construction de la 1ère tranche du nouveau groupe scolaire.
Puis, dans les années 1975, le Centre Européen de Recherche Nucléaire (CERN) est arrivé. ECHENEVEX qui n’était jusqu’alors qu’un petit village au pied des monts du Jura a vu sa population augmenter, le bâti se densifier. Des lotissements ont vu le jour : La Table Ronde, Trez Vella…..
Selon Renée « Le CERN a apporté un mieux-être financier pour le Pays de Gex ». Mais avec une grande nostalgie dans la voix elle rajoute « Dans mon jeune temps on n’était pas riche, mais on était heureux. »
Aujourd’hui nous comptons environ 2000 habitants et plus de 250 élèves à l’école.
Le récit du passé d’Echenevex est riche de nombreuses anecdotes, d’histoires amusantes qui illustrent le goût que nos grands-parents et arrière-grands-parents avaient pour la vie. Si vous désirez en savoir plus sur Echenevex et son histoire n’hésitez pas à aborder Renée, un jour où vous la verrez avec son arrosoir ou dans son jardin. Et surtout, vous, les enfants, demandez-lui : « Dis, Madame, c’était comment ECHENEVEX quand tu étais petite ? »
Un village ce sont des paysages, un territoire, une habitude d’être ensemble ; c’est aussi le plaisir de se rencontrer, de reconnaître un visage, de pouvoir compter sur un voisin. Mais un village c’est également une histoire que l’on reçoit, que l’on connaît, que l’on transmet.
Gardons dans notre mémoire : Les villages deviennent « dortoirs » quand les habitants se connaissent peu.